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jeudi 7 mai 2020

La cage

Le dompteur impuissant



Ce n'est pas une cage
Mais vingt personnages
Qui en imposent l'idée
Par les barreaux d'un banc public
Sauvés de la décomposition
Nous étions assis
Dessus dans le jardin
Insouciants à l'ombre du cerisier
À l'heure du soleil d'été

Verts et bleus
Plantés là entourant un vide
Maintenant une cage
Où le co-vide prend corps
Et dehors, d'où je regarde l'intérieur
Sournois, est la cage

Quant aux chapeaux
ils font entendre
Sortant de leur gibus,
Hauts de forme troués
Un bas conciliabule
Augmentant le silence

L'arbre à barbe se protège
Cette filasse de chanvre
C'est son manteau
Qui se développe, enveloppe
Nos têtes perdues
Soumises à la nature

13-04-20

lundi 21 octobre 2019


Allongé / debout


Homo erectus doit à homo faber l'assurance d'un plan de sol : ainsi il n'est plus obligé de faire attention à chacun de ses pas . Cette proposition un tantinet fictionnelle me vient de la confrontation du chariot du « facto Thom » (homo faber) avec l'estampe « sur le plancher sûr » (homo erectus).


Ces deux hommes nus sont néanmoins techniciens, chacun à leur façon : se tenir debout est une chose avancer sur le sol en est une autre et le plancher forme la marche déterminant une assurance, une sécurité. La silhouette horizontale figure l'homme allongé qui ignore le plancher bien qu'il en fasse partie : il en est même constitué, mais en négatif. Cette négation du matériel est propre au technicien qui se constitue de sa capacité d'outil. Des câbles nus, sans babiole contrairement aux autres pièces de l'exposition sous tendent le vide. Une tension et l'image dynamique de la flèche apparaît. Bref, en potentiel signalisé, la fabrication sous tend le « facto Thom ». À l'inverse, la figure verticale de l'estampe est liée au plancher, gravure en creux pour une impression en relief, elle affiche une matérialité et une présence qui ne se sépare pas du plancher. Elle paraît d'autant moins dématérialisée que le plancher n'est pas imprimé uniformément : les hauteurs des lattes sont irrégulières et induisent des variations en valeurs allant du noir au blanc. Le fait mérite d'être développé : il souligne l'homogénéité technique introduite dans le rapport au réel par négligence des particularités physiques : le plancher de bois constitué en unité ignore les variations internes de ses lattes de hauteurs inégales. Qu'importe, de la sûreté est produite. Mais elle l'est, et nous touchons aux limites de l'outil, par un planage inefficace, qui apporte des problèmes supplémentaires d'entretien et de nettoyage. Ainsi la figure s'inscrit plutôt dans le rapport à une production préoccupant le constructeur de trouver une parade à l'inadéquation fondamentale de ce qu'il utilise pourtant. De loin, les pieds se perdent et le bonhomme en cause apparaît plutôt monté sur deux échasses, des triques qui neutralisent l'irrégularité du sol.


Sur le chariot à 12 roues, 12 formes de croix composées chacune de 4 empreintes de pochoir de teintes différentes. Une dodécachromie se présente ainsi, gamme de tons tirée arbitrairement d'une vignette de Pinocchio, de type Walt Disney et surprise « vache qui rit ». Le nombre est choisi pour deux raisons principales : il veut détrôner des critères d'harmonie un peu trop absolutistes et oublieux de tout ce qui fait la relativité des couleurs, ensuite, ce sont douze entrées pour douze entités techniques : Les 8 liés aux deux faces, deux axes et leur projection réciproque de l'outil et les quatre autres, la dialectique : action et technique ( outil et instrument), et les trois modalités de la production, l'emprie (le pratique), le magique, le plastique. On peut encore référer les croix (pour aller vite car ce sont 4 empreintes qui ne se croisent pas et encadrent un vide central) aux babioles souvent de couleurs vives liées aux matières plastiques.

Dans le cadre de l'ADAM, http://www.net1901.org/association/ASSOCIATION-POUR-LE-DEVELOPPEMENT-DE-LANTHROPOLOGIE-MEDIATIONNISTE-ADAM,2577291.html, une séance de diaporamas aura lieu le 13 novembre 2019 de 20 h à 22 h au FJT St Joseph de Préville à Rennes. Elle aura pour objet, une présentation de l'exposition réalisée à Bazouges la Pérouse ce dernier printemps 2019 en hommage à Jean Gagnepain et plus spécifiquement en rapport avec l'ergologie.
La soirée vous attend car il s'agira pour ma part de faire valoir une production qui se veut analytique à travers 85 pièces (si nous avons le temps) et de susciter vos commentaires en termes de questions et/ou de réponses.
Pour préparer la rencontre, voici un lien vers un des deux diaporamas :

mercredi 20 novembre 2013

Ce qui met en action

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La question vient souvent : où puise-t-on l’énergie pour agir ?
Certes, la conviction de pouvoir réaliser un projet classé premier est un déterminant. Mais ce qui met en action ne tient pas à la seule volonté ; car pour faire, on est vite conforté ou découragé par la présence ou l’absence du matériel nécessaire. Quant au produit, il est déjà là mais il est fragmentaire : c’est un commencement d’ouvrage qui interpelle l’ouvrier, et qui plus est, lui propose une action complétive. Tel radiateur est là, il faut le mettre en place car là où il est, il encombre et ne sert  rien. Ce n’est pas tant qu’on ait besoin de se chauffer que de disposer de la perceuse, des vis, des tournevis, de la pince coupante, etc. Une fois réuni le nécessaire à agir, sa présence suffit à pousser l’ouvrier vers son chantier.
Le dispositif fait faire comme le mot donne sens, comme la responsabilité, l’existence et le titre, l’homme libre.
Les thérapies fondées sur la pratique de l’art auraient à gagner en compréhension des ressorts spécifiques de restauration de l’être dont elles usent, à savoir ces agents du faire, qui mobilisent tout constructeur, handicapé ou non, à son insu. Le « ça » de la formule « ça fonctionne », « ça marche », est un autre implicite de la raison humaine. Technique, il n’en est pas moins aussi déterminant que l’inconscient. Sa part discrète est à déceler sous toutes les performances, qu’elles soient maladroites et triviales ou hautement technologiques et à rendement élevé.


vendredi 15 novembre 2013

Les trois parents de la GPA



Qu’on revisite le surréalisme en choisissant d’en montrer les productions qui réutilisent des « objets usuels »[1], le parti pris est celui de Francis Ponge : celui des choses. Outre que l’imaginaire ne tombe pas des nues et vient avec des mots, ce qui se produit n’est pas sans rapport avec ce que porte la chose ouvrée de propositions d’actions. Au lieu de sonder ce versant non mécanique de l’emploi des ustensiles qui ne voit dans la technique qu’un ensemble de moyens, il est temps de reconnaître l’humanité de la technique dans ce fait d’analyse des fins incorporé aux matériels et aux produits par leur fabrication.
Tel philosophe peut déclarer que la GPA risque de passer pour une technique en ajoutant que la technique manque d’humanité. Il reprend ainsi la réduction mécaniciste de la technique. Comme le GPS, la GPA est technique qu’on le veuille ou non ; elle n’est pas sans produire des effets au-delà de ceux que son constructeur avait envisagés. Il reste qu’elle n’est pas qu’une technique. Des projets de société sont modifiés, voire menacés. Mais en se focalisant sur l’indifférence de la technique qui n’a que faire de nos visées sociétales, on manque l’étude et l’appropriation d’un fait nouveau : la GPA produit une autre famille avec trois parents dont un, géniteur, troisième venu qui rompt la relation de complaisance mutuelle entre les deux autres. N’est-ce pas le principe de constitution de la société qui se trouve ainsi renouvelé ?



Victor Brauner réutilise[2] la table, mais comment ? Le processus en cause est-il l’imaginaire et la représentation ou l’action et la technique ?
Si je m’en tiens à l’apparence de la table, elle présente des pieds qui imposent l’objet pattes. Le réaménagement d’un pied de table suffit pour produire cette image.
Si je fais attention à la séparation entre la tête du loup et sa queue, séparation introduite par le découpage du loup et fixée par la table, je mesure la distance abstraite intégrée à l’œuvre sculpturale entre le moyen fabriqué qu’est la table et le corps entier de l’animal. La table n’est pas faite pour manger, on y mange en raison d’un plan surélevé vers nos bras qui fournit une base et stabilise les choses qu’on y pose. Sa forme sensitive n’est plus en cause mais la mise à plat du monde sur un même plan : partant, plus de hiérarchie entre la tête et la queue. Cet effet de sens nous est donné par l’emploi de cette table. Nous le devons aux dispositifs de planage et de stabilisation qu’est la table, sachons le reconnaître.
14-11-13



[1] Thème de l’exposition du CGP : Le Surréalisme et l'objet. Du 30 octobre 2013 au 3 mars 2014
[2] Loup-table, 1939 - 1947, Bois et éléments de renard naturalisé, 54 x 57 x 28,5 cm

lundi 28 octobre 2013

La girouette et les vents verticaux





 

Le principe de la productivité technique est là, à la base du constat de ces faits impossibles à gérer, ceux qui montrent les limites du dispositif, ceux qui, bien qu'existant au vu de dispositifs autres, et pouvant avoir un effet quant à l'action en cause (agent parasite), ne sont pas pris en compte dans l'organisation matérielle du dispositif, en tant que facteurs fabriqués.


Si le mouvement horizontal variable du courant d'air agit sur les pales pivotantes (dispositif à roue et à écran), les coups de vent ascensionnels n'ont aucune action sur la girouette: à l'inverse, pour ce dispositif d'indication qui conduit au positionnement de la flèche sur le cercle des points cardinaux, le vent qui soulève ou qui plaque au sol, redoutable et cependant agissant à travers les aéroplanes et autres engins volants qui utilisent le plan, ce vent vertical n'existe pas. La négligence technique procède de l'outil qui met le constructeur sur un rail, tirant les wagons mais percutant tous les obstacles abandonnés sur la voie, ça roule et ça ne sait rien faire d'autre. Cette inefficacité fondamentale de la technique a, certes, un tempérament: la polytropie du dispositif qui produit sans souci de ce qui est à faire pouvant faire et défaire, faire ceci et cela, ceci ou cela. On retrouve, par l'analogie, la polysémie du langage au fondement de sens rhétoriques différents, la polyvalence du dispositif décuplant la puissance du constructeur. Mais, la réduction des possibilités d'action va de pair avec le fonctionnement des dispositifs. Avantage lié à cet inconvénient: si l'on veut éviter de faire ceci ou cela, le dispositif est une barrière bien plus efficace que l'arrêt induit par notre capacité d'attention. Rappelons les menottes préconisées dans les premiers temps de la sécurité au travail qui attachait les mains du scieur en retrait de la scie circulaire.
Pour augmenter les possibilités, la seule solution est d'adjoindre ou de remplacer un dispositif: ainsi la girouette « Achille Talon » est dotée d'une rotule qui remplace le roulement à bille de la roue. Ajoutons un dispositif d'aimantation et nous débloquons le système. Certes, il faut encore coiffer « Achille Talent » d'un chapeau à larges bords, intégrer ce faisant le principe du planeur pour que l'action du vent vertical soit outillée. On pourra dire alors, sans métaphore, que la technique décoiffe.