lundi 16 octobre 2017

Contre l'évidence de la série, les différences de dispositifs et d'ustensilités


Les alignements de babioles respectent un principe d'identité partielle. Cette série obéit à la reconnaissance du tube : cheville, tube de colle, gaine électrique, chaussure, moule d'entremet, bigoudi, poignée, étui à brosse à dent, tube de comprimés, briquet, buse, cartouche. L'analyse ne s'arrête pas là ; si on se situe dans le rapport à la différence, on peut voir des ustensilités et des dispositifs qui opposent les bibelots. Certes la cheville est un tube, mais c'est aussi une glissière : on peut facilement l'enfoncer dans le trou. Le fait qu'elle peut en ressortir comme elle est entrée montre que ce dispositif de glissage n'était pas prévu à la construction. On notera au passage que la technique peut agir contre le constructeur . Le tube de colle comporte du stockage et pas seulement de la canalisation, par le métal mou un dispositif de pression est élaboré. La gaine électrique par ses cannelures outille la résistance et gagne en flexibilité deux effets conjugués, en terme de matériaux, de la consolidation. La chaussure, par son élasticité, sa mollesse, tient compte de la déformation, autre dispositif nécessaire pour une adaptation au pied. Le moule d'entremet, par sa paroi lisse et évasée, donne forme au démoulage en même temps qu'elle le facilite comme l'opercule enlevé. On peut contester la place du bigoudi dans cette série : en quoi est-il un tube autant qu'un rouleau ? J'ai trouvé une réponse dans le rapport au séchage : le tube est ouvert à la ventilation. Par ailleurs le bigoudi intègre des picots de poils qui réalisent de l'accrochage, une grille aussi qui permet le piquage. La présence de la poignée aussi demande quelques justifications : il suffit d'évoquer la main qui passe dans la poignée et l'on obtient le tube : mais on voit aussi que la manutention est outillée. Quant à l'étui de brosse à dent, il comporte un orifice discret qui aère le conduit, évite l'humidité résiduelle propice aux bactéries : l'aération s'ajoute à la protection. Le tube de comprimé est fermé ou refermable, l'obturation le différencie de l'ustensile précédent bien que la brosse soit aussi bouchon. Le briquet demande de l'étanchéité pour le stockage du gaz. La buse en entonnoir élabore le dosage de l'extrusion déterminant la section du cordon de mastic. Et pour finir la cartouche par la compression de la poudre et des plombs a formé l'explosion.


Bref, nous sommes en présence de quantités nombreuses et de qualités différentes, ce qui justifierait un autre classement. C'est que les variations de techniques mobilisées l'une ou l'autre selon l'activité en cours ou en tête proposent des analyses différentes du même matériel. Et c'est ce qui vous est proposé à expérimenter : la même babiole peut se trouver plusieurs fois sur les six câbles, intégré à des séries différentes.
7-10-17


En chantier


Nous allons essayer de manipuler les choses telles qu'elles font. Déjà, une contradiction : si les choses déterminent (nous imposent) la manipulation alors, quoiqu'on fasse les choses vont faire à notre place: elles n'en feront qu'à leur tête. J'emploie à dessein le mot tête pour dire qu'elles peuvent être aux commandes, comme les mots le sont lorsque je le dis, c'est à dire maintenant que je parle. Et le placement de ce tronc, pardon, de ce « stipe » de palmier, après sa coupe, se passe de mots, de même que cette suspension de babioles sur ces six câbles tout autour. Je vous invite à en faire autant, autrement dit je vous donne la main et nous verrons comment les choses font...
Voici un tas de babioles, des choses ouvragées jetées là comme on jette à la poubelle. Je les ai retirées de la poubelle pour qu'on fasse attention à nos gestes de tous les jours, mais "pas que", pour que chacun s'approprie et reconnaisse sa propre culture technique. Car nous sommes tous techniciens, mais nous ne parlons pas tous la même technique ; entre les techniques comme entre les langues, il y a des frontières. Mais je parle trop : il nous faut des facteurs : qui veut bien passer à l'action en choisissant une première babiole ? Il aura l'avantage de la facilité ; pour le second, il faudra faire attention, mais je vous en direz plus une fois ce premier choix opéré... 
... Le bibelot est accroché en bas d'un des câbles. C'est une ceinture enroulée sur elle-même. 
Donc, je vous donne maintenant la consigne : il s'agit de disposer à la suite de cette première babiole (objet usuel) une autre qui lui ressemble, non par sa forme perçue, imaginée et conçue, non parce qu'elle sert au même usage, mais parce qu'elle présente une façon de faire...je vous vois hésiter : c'est en faisant qu'on se fait facteur : il suffit de saisir un de ces objets usuels. 
... Un facteur ajoute un bout de pellicule 24 x 36. et explique son choix par le critère de la couleur noire.
Je reviens sur la consigne en prenant un exemple:
Quelqu'un prend un bouchon, il le saisit entre le pouce et l'indexe...Vous avez vu quoi ? Une façon de faire et plus précisément une façon de prendre qui n'était pas contrariée par le bouchon. C'est la main qui se fait pince, le bouchon peut être pincé. Je peux également le rouler entre mes deux mains, c'est encore possible. C'est possible de le jeter en l'air, de caresser ma joue, de le lancer comme un projectile, etc. Mais je ne le disposerai pas au pied du palmier pour consolider le tronc : il ne fait pas le poids. Autrement dit, tout n'est pas possible avec un bouchon ; il y a des choses que je ne ferai pas parce que je me rend immédiatement compte, avant même d'agir que ce n'est pas la peine, il n'est pas fait pour ça, ça ne marchera pas ; entre ce qu'on veut faire et ce qui se fait il y a un fossé. Qu'est-ce qui pourrait bien ressembler à ce bouchon ? Je ne parle pas de la ressemblance du bouchon avec une mouche, non le bouchon ne peut pas voler autour du palmier, sauf dans notre imaginaire je parle d'une façon de prendre qui m'est imposée par la chose elle-même et qui est une utilisation possible : le bouchon n'a pas d'ailes, vivantes ou non. Quelqu'un prend une gaine électrique en la roulant entre ses mains. Oui, il y a du rouleau aussi dans le câble...bon choix ! Regardez ce que la main indique. Je vais juste prendre le câble d'une autre façon : je le place contre mon œil en guise de lunette. Ah ! Est-on toujours dans la même ressemblance au bouchon...Non, vous voyez qu'on s'en éloigne et pourtant le câble permet cette manipulation, de même que je pourrais aspirer un liquide, du sable ou un insecte, je ne le ferai évidemment pas pour ne pas m 'étouffer, ou parce que c'est sale, etc., mais c'est possible, il ressemblerait alors à du tuyau, comme à ceux qui sont là (sur le premier câble garni). Donc...suspension du câble à côté du bouchon... il faut maintenant trouver du rouleau ailleurs...quelqu'un s'empare d'un lance-projectile en le faisant valoir comme un serpentin à ressort...Hum ! Ça demande quelques justifications : où est le câble dans tout ça ?...Attente de l'analyse orale...Certes, on peut porter son attention à l'enroulement du ruban sur lui-même et ça nous fait comme un rouleau de papier...D'accord ! Bon à suspendre !

1 commentaire:

Anna a dit…

J'étais sur le chantier le 15 octobre. L'important c'était la prise: comment ma main prend tel objet? Le premier à faire décide du dispositif principal montré sur tel câble. Il y a de l'accrochage, de la rotation, du dosage sachant qu'un objet peut faire partie de plusieurs dispositifs, exemple: la pipette qui ici participe du dosage et elle a été faite pour ça, pourrait être placée dans l'alignement des dispositifs de rotation en raison de celui qui la prend pour enrouler du fil.