Du temps pour les réponses
À rebours de la
perspective du doute systématique propre à la science et consistant
à toujours se poser des questions, cette ergologie médiationniste
pose des réponses.
Pourquoi est-il légitime
de finaliser ainsi la recherche et de se limiter dans une perspective
qui se ferme au risque de l'enfermement ? Vouloir aller au fait
de la réponse n'est pas de l'impatience : lorsque la question
est mûrement posée, c'est à dire avec les garanties de la
réflexion logique, il faut s'interdire de la remettre en cause
jusqu'à ce que la réponse soit trouvée. Principe simple pourtant
battu en brèche non seulement par la prise en compte de se qui se
passe ailleurs qui vient perturber le cours normal de la recherche,
mais surtout par l'irrépressible besoin de reconnaissance qui oblige
à répondre à tout.
La limitation nécessaire
et sereine consiste à développer l'expérimentation qui permettra
ou non de valider la question. Que celle-ci soit mal posée, qu'une
autre formulation se présente ne peut bouleverser constamment le
programme test. Les chercheurs qui ont en charge de valider ou non
leurs hypothèses ne sont pas ceux qui les écoutent et dont
l'activité n'est pas scientifique mais technique et pratique. Il ne
s'agit pas, du point de vue de ces praticiens attentifs aux avancées
de la science, de tenir pour des vérités absolues les catégories
nouvellement avancées mais de mettre en place des expérimentations
qui ne se payent pas de mots fussent-ils logiques mais qui ont le
souci des faits. L'ergologue a sa raison qui s'auto-limite à la
rationalité grammaticale et rhétorique du langage ;
l'ergotrope est en droit de rechercher une production qui rejoindrait
ou non l'analyse et ses entités que la logique du langage a
dégagées.
Parler de ce qui se fait
par défiance vis à vis de la rationalisation rhétorique, ce n'est
pas faire pour montrer ce qui se fait. Certes, les mots viendront
mais en leur temps. Et donc, il s'agit de taire provisoirement les
commentaires.
Maintenant que la méthode
est précisée, il y a à qualifier ce qui intervient quand il se
passe quelque chose . Et à ce moment là on peut facilement retomber
dans l'impasse du langage : se payer de mots, et accréditer
rapidement la nomination d'un fait.
Si je dis que ce qui
inspire mon choix de telle babiole c'est le principe du tube et qu'en
conséquence j'aligne une cheville avec un tube de colle, une gaine
d'électricité, une chaussure, un moule ramequin d'entremet, un
bigoudi, une poignée de cafetière, un étui de brosse à dent, un
tube de comprimés, un briquet à gaz, une buse d'extrusion, une
cartouche de fusil, est-ce que je chosifie les faits en refusant de
les désigner ? Autrement dit à quel titre ce qui a lieu a le
statut de fait ? Le tube est-il présent par la cheville, cette
cheville là, en plastique, qui ménage un canal interne à la
différence d'une cheville pleine, en bois qui intervient dans
l'assemblage de menuiserie ? La place, techniquement aménagée
pour l'enfoncement de la vis, suffit-elle pour valider le substantif
de tube ?
Un constructeur attentif
à la compression nécessaire et suffisante de la vis introduite dans
la cheville une fois en place ne manquera pas de pointer la lisséité
de la surface externe de cette cheville qui risque de ressortir du
trou, autre tube, pratiqué dans la paroi. Ce n'est pas le tube qui
fait l'objet de son intérêt mais le matériau manquant qui par des
ergots retiendraient à coup sûr la cheville. Le défaut
d'élaboration ressort (avant même la cheville) plus que le tube.
Mais cette attention détournée ne remet pas fondamentalement en
cause la réalité du tube indépendant de la rugosité.
On remarque lors de la
mise en place des babioles que la pince glisse sur le câble faisant
un tube de l'espace entre ses mâchoires. Cette réalité est autant
présente que l'enfilage de la cheville sur le câble. Pourquoi
parler de tube plutôt que d'anneau ? Quel enjeu est en cause ?
Le dictionnaire est-il une aide ? Anneau : cercle fait de
métal ou de matière dure servant à attacher. La clé est donnée
en exemple ; Tube : tuyau par où l'air, les fluides et les
liquides, etc., peuvent avoir une issue (donc tuyau : petit
canal de fer, de plomb, de bois, de terre cuite, etc.). Conclusion :
une définition par l'apparence (cercle) et l'usage (attache) est
opposée à une dénomination synonyme de tube: petit canal. La
petitesse s'apprécie relativement.
On voit que le critère
n'est pas établi et oscille entre la représentation et l'usage. Il
n'est pas fait état de l'utilisation au sens technique du terme et
l'usage prévaut, comme en ce qui concerne la clé donnée en exemple
dont on se sert pour accrocher par l'anneau ou tourner dans la
serrure.
Autrement dit, c'est la
relativité des analyse qui émerge qui fait de telle babiole tel ou
tel ustensile, tel ou tel appareil. La cartouche, est bien un tube
lorsque le constructeur y fait couler la poudre et les plombs, mais
prise en tube fermé ou à fermer, cela fait un réservoir.
On ne peut s'en sortir
qu'en mettant en avant l'analyse que constitue la prise en lien avec
la chose ouvragée ou non qui est prise. Et donc telle babiole peut
sans problème se présenter comme matériau, engin, tâche ou
machine. C'est ainsi qu'on peut dé-chosifier l'analyse.
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