samedi 16 novembre 2019

Allongé / Debout


Homo erectus doit à homo faber l'assurance d'un plan de sol : ainsi il n'est plus obligé de faire attention à chacun de ses pas . Cette proposition un tantinet fictionnelle me vient de la confrontation du chariot du « facto Thom » (homo faber) avec l'estampe « sur le plancher sûr » (homo erectus).
Ces deux hommes nus sont néanmoins techniciens, chacun à leur façon : se tenir debout est une chose avancer sur le sol en est une autre et le plancher forme la marche déterminant une assurance, une sécurité. La silhouette horizontale figure l'homme allongé qui ignore le plancher bien qu'il en fasse partie : il en est même constitué, mais en négatif. Cette négation du matériel est propre au technicien qui se constitue de sa capacité d'outil. Des câbles nus, sans babiole contrairement aux autres pièces de l'exposition sous tendent le vide. Une tension et l'image dynamique de la flèche apparaît. Bref, en potentiel signalisé, la fabrication sous tend le « facto Thom ». À l'inverse, la figure verticale de l'estampe est liée au plancher, gravure en creux pour une impression en relief, elle affiche une matérialité et une présence qui ne se sépare pas du plancher. Elle paraît d'autant moins dématérialisée que le plancher n'est pas imprimé uniformément : les hauteurs des lattes sont irrégulières et induisent des variations en valeurs allant du noir au blanc. Le fait mérite d'être développé : il souligne l'homogénéité technique introduite dans le rapport au réel par négligence des particularités physiques : le plancher de bois constitué en unité ignore les variations internes de ses lattes de hauteurs inégales. Qu'importe, de la sûreté est produite. Mais elle l'est, et nous touchons aux limites de l'outil, par un planage inefficace, qui apporte des problèmes supplémentaires d'entretien et de nettoyage. Ainsi la figure s'inscrit plutôt dans le rapport à une production préoccupant le constructeur de trouver une parade à l'inadéquation fondamentale de ce qu'il utilise pourtant. De loin, les pieds se perdent et le bonhomme en cause apparaît plutôt monté sur deux échasses, des triques qui neutralisent l'irrégularité du sol.
Le chariot du facto Thom

Sur le chariot à 12 roues, 12 formes de croix composées chacune de 4 empreintes de pochoir de teintes différentes. Une dodécachromie se présente ainsi, gamme de tons tirée arbitrairement d'une vignette de Pinocchio, de type Walt Disney et surprise « vache qui rit ». Le nombre est choisi pour deux raisons principales : il veut détrôner des critères d'harmonie un peu trop absolutistes et oublieux de tout ce qui fait la relativité des couleurs, ensuite, ce sont douze entrées pour douze entités techniques : Les 8 liés aux deux faces, deux axes et leur projection réciproque de l'outil et les quatre autres, la dialectique : action et technique ( outil et instrument), et les trois modalités de la production, l'emprie (le pratique), le magique, le plastique. On peut encore référer les croix (pour aller vite car ce sont 4 empreintes qui ne se croisent pas et encadrent un vide central) aux babioles souvent de couleurs vives liées aux matières plastiques.
Sur le plancher sûr


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