La fausse opposition "jeu travail"

 Point de vue binaire sur ce qui n'est pas de l'activité au sens strict mais qui y ressemble, la dichotomie, jeu / travail, aboutit à une impasse, celle qui exclut le plaisir de la compétition et de la simulation d'un « travail » trop globalement défini.

Des jeux au pluriel sont à considérer et le « travail » lui-même est à déconstruire, cette position nous vient de l'anthropologie clinique médiationniste de Jean Gagnepain.

• Nous prenons plaisir à échapper au souci de la désignation précise du réel et le langage alors devient mythe ou poésie. Mais ce faisant nous ne sommes pas exclusivement dans un rapport au langage. L'Oulipo est un exemple de jeu fondé autant sur le jeu de mots que sur l'arbitraire d'une règle provisoirement établie.
• Nous concourons dans toute sortes d'activité et participons ainsi à des jeux de classement qui revisitent le classement social qui n'est pas moins arbitraire mais plus effectif statutairement et financièrement. Nous jouons ordinairement des rôles fixés par nos métiers respectifs, rôles que nous remettons en scène, non seulement par les jeux de rôles au sens stricte, mais généralement par le théâtre. Nous prenons ainsi plaisir à simuler une activité.
• Nous jouons à nous émouvoir, à nous maîtriser quand aucune exigence ne s'impose, simplement parce que nous sommes payés du prix de l'effort qu'il en coûte.
• Et le play time que Jacques Tati, avant la biennale d'art contemporain de Rennes, nous montre avec brillo rejoint tous les dysfonctionnements et les fonctionnements à vide avec lesquels nous opérons. Car le loisir est dans le travail puisque l'opérateur n'est pas constamment à ce qu'il fait, la technique agissant à sa place. D'où les gestes inutiles, en marge du poste de travail ou sur le lieu du travail lui-même qui s'apparentent à des danses. Cette paresse là est fondatrice; c'est elle qui nous confère la légèreté du technicien jouant à produire toujours plus facilement.