Arrachage de pommes de terre
Il ne s’agit pas d’un travail de fouille archéologique, mais nous avons tout autant à faire attention aujourd’hui à ce qu’on extrait de terre : des pommes.
Pour anticiper sur le nettoyage, et parce que la terre est humide qui va adhérer aux chaussures et à tout, nous choisissons de vieux souliers, de vieux vêtements. Ainsi, nos gestes ne seront pas perturbés par d’autres opérations à gérer qui n’ont rien à voir avec notre travail.
Deux techniques qui imposent deux façons de travailler sont en concurrence : le coup de croc, plantage par frappe d’une sorte de griffe emmanchée, fourche-bêche recourbée ou, d’autre part, la pression du pied sur une fourche bêche droite. Dans un cas, c’est le corps tout entier qui se tend, portant haut le croc, puis se courbe pour l’abattre sur un des côtés de la buttée, à cet endroit de la terre, tout près d’une grappe souterraine invisible, supputée. Attention aux pommes de terre qui se sont écartées du sillon, programme de buttées du jardinier qui prépare l’arrachage. L’autre caractère de ce travail, qu’il ne faut pas négliger lorsque l’on a l’échine fragile, est de contraindre de façon répétée le dos à cet exercice de redressement et de courbure. Dans l’autre technique, c’est la jambe qui est sollicitée au moment du coup de bêche. Quelle que soit la façon de faire, c’est une énergie qui s’analyse : pour l’effort, inutile de se tétaniser le corps tout entier : si la fourche est lancée, elle acquiert par le manche et le poids de la griffe une force qui suffira : laissons faire son travail. Pourtant, le novice ou l’inaccoutumé ignore l’ustensile qui tombe : au lieu de l’accompagner, de suivre son mouvement, il tente de le contrôler, d’ajuster constamment le coup à l’endroit du plantage. S’agissant de planter la fourche droite en terre, , il y a à noter la même différence de conduite : on peut appuyer constamment son pied sur le fer par une énergie dosée, fonction de la dureté locale du terrain que l’on rencontre, ou bien, on y va d’un seul coup de bêche qui mobilise une courte énergie et sans souci de l’effet à partir du moment où le geste est engagé. Le second temps de la première façon de faire consiste à tirer vers soi le manche en se situant le plus possible dans son axe, la force résultante de ce mouvement du corps devant s’appliquer sur la griffe. Là encore, le dos est mis en action : une fois planté en terre, il faut tirer le croc en se redressant jusqu’à porter le poids du corps vers l’arrière. L’arracheur ne sent pas toujours l’aide apportée par son propre poids. En procédant par le pied, une fois la fourche plantée en terre, il suffit de faire levier : la bêche bascule, la motte se soulève et se disloque, et le paquet de pomme de terre se révèle entre les morceaux de terre.
Philippe qui a opté pour la technique du lancer de croc prend le rang de travers : cela lui évite la torsion du corps pour ajuster le coup de biais lorsque la buttée est attaquée dans l’axe. Je prends également le rang de travers, mais à deux reprises, d’un côté puis de l’autre, la longueur des pointes de la fourche n’étant pas suffisante pour emporter le plant d’un seul coup en son entier.
Pour ce qui est de la récolte, le tri s’organise sur la base de trois lieux : deux seaux destinés à recevoir, l’un les pommes de terre avariées (le mildiou est là), l’autre les petites (pour éviter leur repousse, en cas de laisser en terre, dans un terrain retravaillé pour une autre culture), et le sol lui-même où les légumes étalés sont mis provisoirement à sécher. L’arracheur prépare le tri : il lui manque deux sacoches en ceinture, ce qui lui éviterait d’avoir à lancer vers les seaux les déchets. Il faudra l’année prochaine revoir l’équipement.
1 commentaire:
je faisais partie des trieuses et mon geste etait parfois tres rapide: il fallait suivre l'arracheur et enlever immediatement les fruits de la recolte , sinon ils pouvaient etre coupes ou enterres à nouveau!!
ce qui fait que ce tri etait plutot un lancer de pommes sur la terre!
un peu plus tard et plus calmement, le triage pouvait commencer: il y avait 2 seaux .... mais aussi, une caisse speciale pour recuperer en " cachette " les pommes de terre coupees, peut etre par le buteur, peut etre par l'arracheur?? mais chut!!!
la caisse est venue dans notre voiture et son contenu , depuis, nous nourrit en partie!!...
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