mardi 13 mars 2007

Les trous


Imaginons qu’à tel endroit de l’unité centrale, cette boîte noire cachottière, un lieu nommé «adresse» soit techniquement organisé pour recevoir les informations en cours d’élaboration au clavier. Poursuivons: des fonctions exécutent depuis un magasin de stockage des commandes de transport de ce caractère-ci et de celui-la, nécessaires à la réalisation du message jusqu’à l’adresse de l’article entrepris: nous produisons ainsi une accumulation de caractères qui se réalisent par un enchaînement d’impulsions et d’absence d’impulsions électriques qui s’interprète comme une suite de zéros et de uns.


En faisant des trous dans une feuille de carton, comme celle du métier Jacquard, du piano à bretelle, et enfin de la carte perforée électromécanique, nous ne sommes plus loin de ces trous dans la croûte du jardin où la plante poussera ou ne poussera pas, alimentée ou non par un volume de terre meuble. La sève rejoignant l’impulsion électrique, en terme de flux aussi une continuité est introduite entre le jardinage et l’informatique. Nous risquons de revenir aux images insidieuses qui orientent subrepticement la recherche tel que Bachelard le signalait à propos de la dissolution de l’air dans l’eau par assimilation de l’air à une éponge, analogie risquée par Réaumur (cf. La formation de l’esprit scientifique, éd. Vrin, chapitre IV: un exemple d’obstacle verbal, l’éponge). Maintenons néanmoins l’idée non scientifique cette fois mais socioartistique, que le constructeur a en tête d’autres dispositifs que ceux qu’il utilise: c’est ce qui est au fondement de la méprise de l’exploitant face aux dispositifs prévus par le constructeur. Maintenons aussi l’interchangeabilité des dispositifs techniques pour réaliser un travail quelconque: après tout, la résorption d’une flaque d’eau peut se gérer indifféremment par un séchage aux courants d’air ou une serpillière-éponge ou les deux comme il arrive la plupart du temps.

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