mardi 22 mai 2018

Deux gags à revisiter



Le coup du râteau
L’arroseur arrosé

Râteau à l’horizon ! vous avez bien repéré le râteau mal rangé, ses dents qui attendent un pied négligent qui passera par là et qui feront levier pour expédier le manche en pleine figure d’un promeneur distrait. Vous vous dites aussi que vous ne vous laisserez pas attraper. Vous êtes entré là dans cette remise pour chercher un collier de serrage pour un tuyau qu’il faut raccorder au robinet. Cinq minutes passent à chercher ce collier, entre temps vous vous êtes occupé de deux ou trois autres choses : un appel au téléphone, le dérouleur de tuyau à dérouler et peut-être l’arrivée du facteur. Tout est maintenant en place, il suffit de brancher le tuyau. Et c’est à ce moment là que le coup du râteau intervient : ce râteau qui gardait sournoisement le poste de distribution d’eau pointe le bout de son nez, à demi caché par une boîte posée à terre, juste à côté du robinet. Et paf !
Ergotropiquement, voilà un cas où le contrôle exercé d’entrée sur l’espace de rangement se trouve relégué aux oubliettes, une action ultérieure non liée à la dynamique de l’entretien et du rangement du matériel a pour effet de situer le constructeur dans un autre atelier où le râteau n’existe plus. L’autre fait que l’ergotropie prend en compte est cette complémentarité entre le manche et la tête du râteau qui n’est pas seulement une télécommande mais qui s’avère être aussi un levier. La réalité de la technique s’affirme, fabrication indifférente aux utilisations diverses de ses exploitants.

L’arroseur arrosé, mis en scène par Louis Lumière, correspond à un cas où l’acteur simule une action qu’aucun constructeur ne ferait. La complémentarité a lieu ici entre deux chantiers, celui de l’arrosage et celui du tournage cinématographique. Le jardinier, qui n’est pas jardiniais, a-t-il un œil de constructeur arrosant lorsqu’il scrute l’orifice du tuyau ? Tout constructeur ne manquerait pas de regarder en amont ce qui obture le tuyau. Non, ce jardinier-ci est spécial, il a un œil sur la caméra qui le filme et c’est le spectateur qu’il tente d’arroser : les yeux, les roses du public.

Arabesques en interdépendances

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