mercredi 27 janvier 2010

Dans le cadre d'une seule et même machine...


La technique introduit du réitérable dans l'action par le fait qu'elle met à disposition du constructeur des conduites machinales. Didier Le Gall emploie le terme de routine pour désigner cette robotisation de l'humain dans son activité. Ce qui voudrait dire que par la mise en action de ces routines, les choses se font en raison d'un fonctionnement qui a lieu à l'insu du constructeur dont il est pourtant l'agent.

Le point qui nous occupe, à savoir la reproductibilité de la peinture ou en peinture, ne saurait faire faire l'impasse sur les dispositifs d'enduit et de chromatisation, de planification aussi, qui produisent plastiquement un registre d'apparences formelles, bref sur une différence de dispositifs sans commettre une identification sociologique d'ouvrages techniquement différents. La synergie évoquée dans le motif de cette journée d'étude, (Peinture et reproductibilité, Festival de BD, Périscopage, laboratoire L'oeuvre et l'image, département des Arts Plastiques de Rennes 2) à savoir la possibilité hypothétique de la reproduction du pictural pris comme modèle par d'autres moyens que la peinture, cette visée voudrait réduire sa polymorphie, retrouver, ne serait-ce qu'illusoirement, les formes isomorphes des ouvrages matériellement peints.
Ce n'est pas une convention qui fonde la synonymie, mais un principe d'impropriété selon lequel des mots différents peuvent dire la même chose ; de même, par synergie, des dispositifs différents produisent la même chose selon un principe d'inefficacité. Aucun dispositif n'est rivé à la production d'un ouvrage. L'assimilation d'une ligne ou d'une surface à une autre, même si elle parvient à être admissible, n'est pas fondée, pas plus que le langage, sur une convention. L'impuissance à faire ou refaire la même chose impose une convergence des façons de faire. Puisque le constructeur essaie de la faire autrement, c'est que ce n'était pas suffisant de l'avoir fait comme cela. Telle fleur, emblématique de la peinture historicisée, va pouvoir être faite autrement et sur ce même carreau de faïence sans que la discordance, l'écart fasse problème. A partir de quand, la différence est-elle considérée comme accident expliquant qu'on jette le carreau à la poubelle?
Indépendamment de la conformité au standard et à la norme, (manifesté par exemple lorsque l'on rejette tel motif où le pinceau a ripé), une conformité à la technique semble fonder l'inclusion de tel carreau défectueux dans le lot des présentables.
Si de la fleur où se marque un début d'action par l'abondance de la charge à la fleur qui montre une fin par une déperdition de peinture des différences perceptives importantes s'observent qui ne disqualifient pas pour autant le produit, c'est que le rythme est en cause dirons certains. Revenons alors sur le principe plastique par lequel une surface se trouve offrir des variations rythmiques: il n'est rien moins que la prise en compte de l'inefficacité du dispositif, incapable de reproduire empiriquement, soit pratiquement, la même forme. Autrement dit la plastique, en l'occurrence est une autre façon de nommer ces variations négligeables parce qu'elles ont lieu dans le cadre d'une seule et même machine. J'ajoute que c'est leur exploitation, en les reprenant à titre de module décoratif.
Pour tout dire, l'ordre technique admet en lui-même, non par convention, les variations stochastiques des effets de l'action outillée. Leur assimilation tient au cadre de la machine par laquelle ils ont été produits. Ce principe identificateur rencontre toutefois une objection de taille à travers ce cas d'un enfant technicien capable de produire un carré à partir de bûchettes disposées sur un plan de table et confronté à de sérieuses difficultés pour aboutir à la même figure par le dessin. Pour lui, qu'il ait affaire à ce qui a pour nous l'apparence d'un triangle ou qu'il soit placé devant un cadre de bois carré, c'est identique, il s'agit de variations d'un même carré. Hypothèse: le principe d'acceptabilité d'une synergie est seulement confronté au standard et à la norme qui en réduisent ses limites.

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