jeudi 7 mai 2015

Compte rendu des chantiers du 29 avril 2015 à Rennes




En trois heures, il est difficile de présenter l'ergotropie, de la situer dans le cadre de l'anthropologie clinique médiationniste, d'en faire valoir les exploitations, mais nous l'avons fait et dans la gaité des chantiers. Il faut dire que les spectateurs étaient facteurs et ne se privait pas d'intervenir. Au bout du compte, nous avons obtenu ce que nous n'attendions pas.
D'abord, un chemin de planches surprenant par des passages accidents qu'ont su aménager les plus téméraires d'entre nous. Au lieu de veiller à la sécurité du chemin vers la porte, certains ont compliqué la manœuvre en introduisant des plans obliques non stabilisés, des plateaux glissants qui ont en conséquence amenés l'aide du public, pour éviter les glissements et les basculements. Ce qui en finale a démontré la nécessité de l'attention en dépit de l'assurance trouvée dans les dispositifs mis en place. L'outil coexiste avec l'instrument dans toute activité et la marche sur un chemin de planches en est une.
Pour faire valoir la machine au titre de l'analyse de l'outil, nous avons planché encore sur un mannequin, sorte de portant el en barre de fer doté de bras par accrochage. Ce sont ainsi une brosse en fausse symétrie avec une épuisette qui propose leur manche articulé. Accroché encore un sac transparent de feuilles d'érable. Ce matériel est joint à un tableau sur béquille qui offre une grille à double entrée sensé présenter les possibilités virtuelles de rencontre de « nécessaires à » variés, mais pas tant que ça. Verticalement : un rouleau de ruban adhésif en aluminium brillant, un cordeau en pelote relié à un manche, un dévidoir ; horizontalement : une pelote de fil d'emballage, un rouleau de fil de nylon avec poignées. Proposer des nécessaires quasiment identiques vise à montrer que chacun selon sa technique en extrait des dispositifs différents.

Que s'est-il fait ?
D'abord, expliciter le mode d'emploi de la grille en précisant que les cases vides sont à remplir par des actions qui font se rencontrer par croisement deux dispositifs au moins. Puis indiquer que le lieu d'action est ce portant.
Les hésitations font partie de l'expérience : on oppose deux pelotes pour parler du cordeau du maçon, comportant le matériau de la douceur opposé à la rugosité du fil d'emballage. Les petites différences utiles sont évoquées comme celles qui se réalisent à travers les manches de marteau et qu'une frappe ordinaire, avec ou sans index séparé de la poigne pour assurer un plan de frappe, ne repère pas toujours. Vient enfin la manutention du dévidoir et de la pelote de fil . Après avoir hésité une nouvelle fois quant à savoir ce qui devait être vu à travers le « nœud marin » (du nouage) et constaté que la machine était déjà là par la manutention de la pelote pour l'enroulage, un constructeur entreprend de se saisir de la pelote liée au manche pour passer le fil à travers la tête du mannequin : question : quelle machine est alors mise en action ? L'enfilage sans aiguille est alors invoqué mais avec quoi ? Réponse : ce qui est ordinairement le plus souvent employé le dispositif de manutention. Puis un enroulage intervient pour lier le fil au mannequin. Question nouvelle : l'enroulage est-il en rapport de machine avec l'enfilage ? Le problème est de distinguer dans l'ouvrage les dispositifs juxtaposés de ceux qui forment une machine, l'un étant intégré à l'autre.
Une autre manipulation met en concurrence pour mettre en mouvement le mannequin une constructrice qui opère avec le dévidoir après avoir noué le fil à la brosse et un constructeur qui procède avec le long manche attaché à la pelote. La question est alors de savoir ce qui différencie les machines mises en action : finalement, on en vient à opposer l'amplification du geste et la prolongation du bras présentes par le long manche tenu en main à la transmission simple de la traction-manutention du dévidoir. L'important est de ne pas confondre le service qui est rendu par la machine, le fait d'élever les bras du mannequin, avec la machine elle-même qui gère cette action.
Quoi qu'il en soit, ce tableau de rencontre de dispositifs fait aussi valoir des rencontres de techniques différentes : nous ne « parlons » pas tous la même technique.

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